État d’urgence au Pérou ! (mars-avril 2017)

coulée d’eau et de boue à Alto Trujillo

Les inondations meurtrières que subit le Pérou, du fait d’un phénomène El Nino particulièrement sévère cette année, touchent la moitié du pays (14 régions), dont tout le Nord, la région de la Libertad, celle de Lima, etc. On y déplore des morts, des blessés, des disparus, de nombreuses personnes sinistrées et des dégâts incalculables.

Dès le début de février, le pays a connu des pluies intenses et des inondations. Des maisons ont été détériorées, des voies d’accès rendues impraticables, des habitants évacués, et l’état d’urgence a été déclaré dans les régions les plus touchées.

Mais à partir du 13 mars, les pluies ont redoublé, entraînant des débordements de rivières, des inondations, et des coulées d’eau mêlée de boue, de pierres et de débris qui ont ravagé tout sur leur passage.

Les routes ont été envahies par ces coulées soudaines et des véhicules qui y circulaient ont été emportés par la violence du courant, y compris des bus et des poids lourds, entraînant des pertes humaines. En effet certains ont pu être sauvés, mais les autres ont disparu et leurs corps sont retrouvés des jours après, à des kilomètres du lieu du drame.

Partout des populations ont été évacuées en urgence, des maisons ont été emportées et de nombreux habitants ont ainsi tout perdu. Ils sont hébergés dans la famille, ou regroupés dans des écoles.

Les routes sont impraticables et certains ponts détruits, ce qui rend très difficile l’acheminement des secours (eau, nourriture, vêtements et médicaments). Ceux-ci viennent de tout le Pérou et des pays voisins qui se sont mobilisés. Ils arrivent par la mer, d’autres par les airs…

Des engins déblayent les routes, des entreprises commencent les réparations les plus urgentes. Mais jour après jour, les pluies continuent, et plusieurs coulées d’eau et de boue ont encore dévalé les pentes et envahi les vallées.

Dans la région de La Libertad, de nombreux débordements d’eau et de boue ont atteint la ville et toute l’agglomération de Trujillo, dont la commune d’El Porvenir où se trouvent nos centres nutritionnels qu’on a dû fermer momentanément.

Par moment, le niveau d’eau et de boue et la violence du courant dans les rues étaient tels que les gens ne pouvaient s’aventurer à les traverser qu’en se cramponnant à une corde tendue d’un bord à l’autre. Quand l’eau se tarissait, les gens dégageaient leur porte et empilaient des sacs de sable pour protéger leur maison de la prochaine coulée.

Dans la zone de nos centres, à El Porvenir, les habitants ont creusé des canaux dans le sable pour dévier les coulées et tenter d’épargner ainsi les habitations. Malgré cela, les destructions y sont très importantes : des centaines de maisons détruites et des milliers de sans-abri, de nombreuses entreprises sinistrées, plus de 4000 personnes sans emploi, les égouts et les canalisations d’eau gravement dégradés, l’unique complexe sportif complètement détruit… Partout des tonnes de boue s’accumulent, se mêlant aux eaux usées qui se répandent dans les rues.

distribution d'eau par camion citerne

distribution d’eau par camion citerne

Des camions citerne distribuent avec parcimonie de l’eau à la population. Les gens doivent venir à ces camions, parfois de loin, et repartir avec une lourde charge. La nourriture se fait rare et les prix des denrées flambent. Les écoles sont fermées.

Et la météo prévoit encore des pluies jusqu’à la mi avril, avec leur cortège d’inondations, de débordements et de drames. Mais les plus grosses inquiétudes viennent des risques d’épidémies et de maladies dues aux conditions d’hygiène déplorables et  aux moustiques et autres insectes qui prolifèrent dans les mares d’eau, avec la forte chaleur. Déjà des cas de dengue sont signalés. Les centres de santé ont été déclarés gratuits et ouverts à tous.

 

 

 

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