« Sur place nous avons constaté l’absolue nécessité de poursuivre l’œuvre engagée par Quebracho et Para Ellos »,nous disent Alban et Olivier, avant de nous raconter leur visite.
« Perdu au bout de routes poussiéreuses et défoncées, le centre La Esperanza est une petite pièce avec une minuscule cuisine… 6h30 : les enfants arrivent un par un encore endormis et chaudement couverts. Parfois ils viennent depuis la colline avoisinante qui semble à plus de 30 minutes de marche pour prendre leur petit déjeuner.
Certains, trop petits pour aller à l’école, sont en pyjama, d’autres en uniforme prennent rapidement des forces avant de courir en classe. Des enfants viennent spontanément nous embrasser, d’autres se faufilent le long des murs et plongent la tête dans leur bol. Ils ont parfois, à 7 ou 8 ans, les regards durs d’adolescents désabusés.
À 11h30 nous sommes à Alto Trujillo : une jolie pièce aux murs bleu vif qui ouvre sur le terrain de foot du quartier. Les enfants y jouent au ballon avant le déjeuner : il suffit de les observer pour se rendre compte que la loi qui règne ici est violente. Dès 3 ans, les coups pleuvent et ils ne sont pas tendres : très vite il faut que Rosario vienne modérer les apprentis footballeurs.
Dès que la soupe est servie, c’est la ruée… Au repas quinoa-viande en sauce – pomme de terre – jus de fruit : au Pérou le féculent est roi !
Au dernier centre, El Porvenir, c’est « l’heure de pointe » : 45 enfants arrivent ensemble du collège voisin. Dès 13h, ambiance « cantine ». Cuisiner pour 45 enfants deux fois par jour avec une cuisine réduite au strict minimum (deux plaques, quelques grandes gamelles, peu de stock sur place) paraît être un exploit quand on voit arriver 45 enfants affamés en même temps ! Le centre est géré par Eugenia et son mari, paraplégique suite à un accident, qui, depuis son fauteuil, aide à maintenir la discipline.
Rosario connait chaque enfant par son prénom et suit de près sur sa liste ceux qui sont présents ou absents. En cas d’absence ou si elle détecte des comportements surprenants, elle visite les familles. Ces visites sont aussi nécessaires pour le travail de priorisation entre toutes les demandes qu’elle reçoit. Chaque jour elle visite un des centres sans jamais prévenir le centre visité. C’est un travail d’une efficacité et d’une rigueur remarquable, tout en veillant à mettre beaucoup d’amour dans sa communication avec les enfants. »
« Voir manger matin et midi tous ces enfants, les voir partir à l’école le ventre plein, constater que, au-delà de la nourriture, c’est de l’attention et de l’amour qui leur sont transmis, rend concret le lien existant entre les donateurs et les enfants de Trujillo. »
Alban, qui est photographe, a rapporté de superbes photos que vous pouvez voir dans ce diaporama :