Rosario nous a appris le décès de Julio peu avant la dernière assemblée générale du 15 mars 2024. Il n’avait pas encore 60 ans.
Nous savions grâce à ses messages qu’il était malade depuis plusieurs années, qu’il avait été hospitalisé récemment dans un état grave et que sa famille était très inquiète.
« Julio est décédé le jeudi 7 mars, nous dit Rosario, et ses funérailles ont eu lieu le samedi 9 mars. Il y avait beaucoup de monde, famille et amis, car il a toujours été très apprécié et aimé comme quelqu’un d’honnête et travailleur. Sa famille de la sierra (les Andes) avait été prévenue et tous ont fait le maximum pour être présents.
Moi j’avais prévenu Maria, qui est venue, mais Gloria était injoignable. J’ai assisté aux funérailles avec Consuelo, c’était très émouvant. A présent il est dans la paix. »
Julio était paraplégique depuis que sa maison de la sierra avait été attaquée par des voleurs, alors que lui et Eugenia étaient jeunes mariés. Dans cette attaque, il avait été blessé par balle à la colonne vertébrale, et transféré à l’hôpital de Trujillo pour y être soigné. C’est là qu’ils ont appris qu’il ne pourrait jamais remarcher. C’est aussi là que Rosario a fait leur connaissance et a décidé, en 1996, d’embaucher Eugenia, leur procurant ainsi un gite, le centre nutritionnel, et un travail pour elle, celui de cuisinière.
Peu après leur fils David naissait. Jusqu’à la fermeture des centres en 2022, ils ont accueilli, nourri et servi les enfants du centre avec beaucoup d’attention et de dévouement. Ensuite, ils sont restés dans le centre qu’ils ont pu acquérir, et c’est là que Julio est décédé, comme il le souhaitait, entouré des siens.
Julio a toujours travaillé malgré son handicap. C’est lui qui a bricolé son premier fauteuil roulant pour qu’il soit à sa convenance. Pendant longtemps il a été réparateur d’appareils électriques, mais aussi de toutes les pannes du centre nutritionnel. Quand David a eu ses premières payes, il a acheté une camionnette « de 2ème main » en 2019 qu’il a modifiée de sorte que Julio puisse la conduire, et celui-ci est devenu chauffeur de taxi pour ceux qui avaient des objets lourds à transporter.
Durant le confinement, grâce à lui et à sa camionnette, on a pu assurer la distribution de vivres préparées par Eugenia et Rosario, aux familles des enfants dans les deux centres !
Mais sa santé se dégradait et il passait de plus en plus de temps « sur son lit de douleur », soigné par Eugenia… et dès qu’il allait mieux, il repartait au travail ! Jusqu’à ces derniers temps…
Aujourd’hui, Eugenia souffre de l’absence de son compagnon de toujours. Elle aussi a des problèmes de santé, mais elle n’est pas seule. Son fils David et sa belle-fille Céleste l’aident beaucoup. Avec leur petite Emilie de 1 an, ils vivent dans la même maison, à l’étage qu’ils ont aménagé. Elle a des nièces qui n’habitent pas très loin et sont très attachées à leur tante qui les a quasiment élevées. Elle doit aussi s’occuper de sa boutique, qui lui procure son seul revenu.
« Pour nous, dit Rosario, la maladie et le décès de Julio furent une grande peine et une énorme douleur… mais petit à petit Eugenia et sa famille retrouvent un peu de courage. Justement, samedi, Eugenia est venue chez moi, conduite par David, pour sortir un peu. Je lui ai dit d’être en paix car elle a été une merveilleuse épouse pour Julio, et lui, un bon époux et un bon père de famille. »
Eugenia et Julio sont, avec Rosario, les personnes des centres qui ont été le plus longtemps au service des enfants. Le décès de Julio nous donne l’occasion de leur rendre hommage pour leurs qualités, leur fidélité et leur dévouement sans faille envers les enfants pauvres qu’ils accueillaient chaque jour, eux qui avaient connu une extrême pauvreté dans la sierra.
Merci à eux, nous restons de tout coeur avec Eugenia et sa famille. Merci à Rosario qui nous donne souvent des nouvelles, qu’elle termine par ses salutations aux amis de Quebracho !